Porsche - Des modèles au top

Des modèles au top

Si l’on peut reproduire en Lego des galaxies entières, pourquoi pas l’univers de Porsche ? Malte Dorowski n’a que faire des kits de construction clés en main. S’inspirant des modèles authentiques, il imagine lui-même les plans permettant de reproduire les voitures de course le plus fidèlement possible, à l’aide de simples briques. C’est tout sauf un jeu d’enfant ! Il lui faut plusieurs week-ends pour être entièrement satisfait d’une reproduction.

Malte Dorowski a parfois l’air absent au petit-déjeuner. Au début, à voir son regard perdu au loin, sa femme se demandait si tout allait bien, nous confie-t-il avec un sourire timide qui semble demander pardon. Mais Mme Dorowski ne se fait plus de souci. Elle sait que son mari est confronté à un problème crucial : doit-il utiliser les défenses d’éléphant comme élargisseur de voie au niveau des passages de roue ? Étrange, mais vrai.

Après ces réflexions, Malte se rend au travail. Mais le soir, il met immédiatement à l’épreuve l’idée des défenses d’éléphant. Pour cela, il a une pièce à part, une pièce… pleine de Lego. Depuis leur invention par un menuisier danois à la fin des années 1940, des enfants du monde entier ont grandi avec ces briques de plastique multicolores. Bien plus qu’un jeu, les Lego sont l’objet d’un véritable culte.

Concepteur médias de formation, Malte (32 ans) travaille pour un grand portail Web dans le nord de l’Allemagne. S’il est officiellement directeur marketing, le jeune homme reste plutôt en retrait. Avec sa barbe de trois jours, son pull à capuche et ses baskets passe-partout, seule sa silhouette dégingandée pourrait peut-être attirer l’at­tention – à moins que ce ne soit le bonheur enfantin qu’il a su préserver dans sa vie d’adulte… Après avoir construit tous les modèles de voitures Lego existants, Malte Dorowski s’est lassé d’assembler le moindre camion de pompier en suivant les instructions fournies. Il s’était assez fait la main comme ça. Il est donc passé aux Porsche : réussir de lui-même à rendre la courbe de ces voitures de course, sans autre modèle que la vraie, représentait un tout autre défi… Pour rester aussi fidèle que possible à ses modèles, l’artiste a besoin d’une bonne dose d’imagination : « Le galbé au-dessus du passage de roue qui descend en pente douce vers l’arrière, ce n’est pas évident à rendre », confie-t-il avec des étoiles dans les yeux.

En quatre ans, Malte a construit plus de 30 modèles de Porsche, tous à l’échelle 1:16 ou 1:17. Pour plus de sport, il s’impose une règle supplémentaire : n’utiliser les pièces que telles qu’elles sont vendues par Lego, c’est-à-dire sans les arrondir ni les déformer de quelque manière que ce soit. Aucune brique n’est vernie. Seules les jantes sont chromées, parce qu’une jante bleue ou rose, c’est vraiment bizarre.

Lego séduit les enfants avec des modèles à construire sans cesse renouvelés, autour de thématiques les plus diverses : les plongeurs, les pirates, les robots, les super-héros… Malte pioche dans tous ces univers : il utilise les harpons noirs des plongeurs comme essuie-glace, le crochet du pirate est parfait pour fixer l’arceau de sécurité et la fenêtre de prison a déjà servi de châssis pour accueillir le siège baquet…

Pour se livrer à sa passion, il lui suffit de peu : une pièce vide, un bureau et comme unique outil, des brucelles. Les pièces sont rangées par forme dans une vingtaine de boîtes de plastique transparent ou, pour les plus petites, dans des range-couverts. Parfois, Malte retourne chercher chez ses parents une pièce particulière qui doit être restée dans sa chambre et dont il a besoin. Par exemple, pour le dessus du tableau de bord : « C’était une cape noire de super-héros, de Batman, je crois. »

Les véritables artistes Lego constituent une sorte de guilde internationale ; ils participent à des expositions et publient des photos de leurs créations sur l’Internet. Dans ce petit monde, Malte Dorowski est une star. On lui demande sans cesse des instructions de montage, parfois contre rémunération. Mais ces pratiques sont contraires à l’éthique des créateurs, et de plus, le plan de la Porsche blanche 908 de Steve McQueen n’existe pas sur le papier. « Ça serait un vrai travail de dessiner tout ça, et moi, je ne le fais que pour me détendre », conclut Malte avec modestie.

Plutôt que de vendre un plan tout fait, il préfère bidouiller jusqu’à avoir la capote de cabriolet parfaite, qu’on peut même plier et ranger – encore le fruit de ses méditations du petit-déjeuner. L’autre sujet de ses réflexions est l’aboutis­sement naturel de sa marotte : construire un musée Porsche, pour que ses modèles trouvent un écrin digne de leur rang.

Malte Dorowski a amené ses modèles préférés au studio photo. Avant d’immortaliser son œuvre, il époussette délicatement une suspension, appuie doucement sur un aileron arrière. S’il donne la même attention à sa progéniture, alors son fils n’est certainement pas à plaindre. Paul, un an et demi, est bien sûr déjà entouré de Lego, mais seulement de gros Duplo, mieux adaptés aux mains des tout-petits. Le père se fait déjà du souci : que va-t-il se passer quand il sera assez grand pour les vrais Lego ? Pourra-t-il rentrer dans la pièce de son père, au risque de tout déranger, ou même de faire tomber la 917 KH (queue courte) rouge, qui explosera en mille morceaux (1 523 plus précisément) ? Malte reste confiant : « Il va falloir que je trouve une solution. »

Texte Johannes Schweikle
Photos Steffen Jahn

Souhaitez-vous voir comment Malte Dorowski construit la Porsche 917 en Lego ? Regardez notre séquence vidéo dans la Porsche newsroom ici : http://newsroom.porsche.com/EN/Christophorus.html.